Sydney H. Aufrère


« Dans les marécages et sur les buttes. Le crocodile du Nil, la peur, le destin et le châtiment dans l’Égypte ancienne »

ENiM 4, 2011, p. 51-79.

Sydney H. Aufrère, «  »
Sydney H. Aufrère

fr Cet article traite des structures spécifiques relatives aux croyances se rapportant au crocodile du Nil (Crocodylus niloticus Laurenti 1768), une espèce commune à tout le bassin versant du Nil et qui incarne le châtiment divin. Après avoir dressé un arrière-plan hiéroglyphique, lexical, anthropologique et religieux relatif au crocodile, l’auteur souligne, à travers une sélection de sources hiéroglyphiques, grecques et latines, l’existence de plusieurs paradoxes. Le saurien est considéré de deux façons antagonistes : 1°) comme un animal qui cause soit une mort divinisante, soit une mort dénonçant la culpabilité de la victime ; 2°) comme un animal qui incarne des forces divines négatives et dont l’éradication est nécessaire, car il est à l’origine de multiples accidents. Des comparaisons avec l’univers des représentations malgaches et dogons au sujet de ce saurien suggèrent l’existence de structures parallèles de condamnations par le destin personnifiées par Crocodylus niloticus.

uk This paper addresses the specific structures relating to beliefs connected with the Nile crocodile (Crocodylus niloticus Laurenti 1768), a common species in the catchment basin of the Nile and which embodies divine punishment. After outlining a hieroglyphical, lexicological, anthropological and religious background relating to the crocodile, the author emphasizes, by means of a selection of hieroglyphic, Greek and Latin sources, the existence of several paradoxes. The saurian is considered according to two opposing ways : 1) as an animal which causes either a deifying death or a death expressing the guilt of the victim ; 2) as an animal embodying negative deities whose eradication is necessary since many accidents are caused by the saurian. Comparisons with the Madagascan and Dogon behaviours concerning this saurian suggest the existence of parallel death sentence structures based on fate and personified by Crocodylus niloticus.

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« Serpents, magie et hiéroglyphes »

ENiM 6, 2013, p. 93-122.

Sydney H. Aufrère, «  »
Sydney H. Aufrère

fr La présente communication traite d’un petit groupe de sept cippes d’Horus d’époque libyenne, dont certains proviennent sûrement de Thèbes. À l’avant de la stèle, sur la plinthe, sous l’habituelle représentation d’Horus en relief empoignant les animaux dangereux et piétinant les crocodiles, s’étend une scène en deux dimensions. Elle évoque le dieu-adolescent Ched-le-Sauveur montant un char lancé dans le désert, mené par un Bès-aurige, et dont l’attelage – deux griffons monstrueux – culbute des crocodiles agressifs tandis que Ched décoche des flèches sur un ensemble de bêtes nuisibles, notamment un nombre variable de serpents longs (Élapidés et Colubridés) ou courts (Vipéridés). À ces serpents correspond un éventail de noms magiques différents, quatorze au total. L’examen permet de conclure que ces appellations se rapporteraient, plutôt qu’à des noms de serpents, à une diversité de dangers spécifiques causés par les serpents que l’on souhaiterait conjurer en s’adressant au dieu. Il s’y ajoute une série de remarques au sujet de la stèle du Musée Pouchkine I.1a.4492 (1899), qui, en dépit de l’absence de scènes similaires à celles du groupe précédent, pourrait éclairer d’un jour nouveau certaines croyances thébaines se rapportant aux serpents.

uk This paper deals with a small group of seven “Cippi of Horus” (dating from the « Libyan » epoch), some of which surely come from Thebes. In front of the cippus, on the plinth and under the usual in relief representation of Horus seizing dangerous animals and trampling on crocodiles, is reproduced a scene in two dimensions. It evokes the adolescent god Shed-the-Saviour riding in a chariot driven at full speed in the desert, led by Bes as a charioteer. The chariot is pulled by a team of two monstrous griffins knocking aggressive crocodiles over while Shed shoots arrows at a set of dangerous animals, including a variable number of long (Colubridae and Elapidae) or short snakes (Viperidae). Fourteen different magic names are attached to these snakes. A close scrutiny of these names lead to the conclusion that they refer more to the various specific dangers caused by snakebites which one would wish to ward off by addressing the god, than to the names of the snakes per se. A series of remarks are added to about the Puskin Museum stele I.1a.4492 (1899), which, despite the absence of similar scenes to the previous ones, could shed new light on certain Theban beliefs relating to snakes.

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« Crocodilus lacrymans. Les « larmes » et la « compassion » du saurien du Nil »

ENiM 7, 2014, p. 1-12.

Sydney H. Aufrère, «  »
Sydney H. Aufrère

fr Cet article propose d’étudier à nouveaux frais le motif des larmes de crocodile, dangereux et cruel saurien que l’on croyait incapable de pitié, paradoxalement considéré comme sacré par des habitants de la Vallée du Nil ou pris en chasse par d’autres. Cet article aborde son origine dans la littérature et son évolution à partir du IVe siècle de notre ère, sous la plume du prédicateur Asterios le Sophiste, jusqu’à l’Époque moderne où il fait encore flores, quoique l’on perde sa trace, en Orient et en Occident, pendant près de six siècles entre le Ve et le XIe siècles. L’origine égyptienne de ce dicton bien connu perce chez les auteurs classiques qui montrent comment les sauriens que les Tentyrites et les Apollinopolites fustigeaient à mort, émettaient des vagissements, assimilés à des pleurs. Le motif a évolué par le truchement du Physiologos jusqu’à son subvertissement final : Le Crocodile et l’Esturgeon (1792) de Jean-Pierre Claris de Florian.

uk This article proposes to rethink the motto of tears of crocodile. This dangerous and cruel saurian, believed incapable of pity, was paradoxically considered sacred by some inhabitants of the Nile Valley or hunted by others. This paper addresses the origin of this motto in the literature and its evolution from the fourth century A.D., under the reed-pen of Asterios the Sophist, a preacher, until the modern era where it is still flourishing, although its trace in the Orient and Occident is lost, during nearly six centuries between the fifth and eleventh centuries. The Egyptian origin of this well-known saying can be deduced from the classics who show how saurians that Tentyrites and Apollinopolites castigated to death, emitted wailing, similar to crying. The motto has evolved through the Physiologos to its final subvertissement: Le Crocodile et l’Esturgeon (1792), a fable of Jean-Pierre Claris de Florian.

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« La réception de l’architecture monumentale égyptienne au prisme de L’Antiquité expliquée (1719-1724) de dom Bernard de Montfaucon : Une contribution à une histoire du regard égyptologique »

ENiM 14, 2021, p. 285-313.

Sydney H. Aufrère, «  »
Sydney H. Aufrère

fr Ce papier aborde une page d’histoire du regard pré-égyptologique sur l’architecture égyptienne à travers L’Antiquité expliquée en figures (1714-1724), ouvrage élaboré par dom Bernard de Montfaucon (1655-1707). Dans sa tentative d’approche de l’histoire culturelle de l’Antiquité, cet antiquaire réunit non seulement un des plus grand ensemble d’objets-images égyptiens de son temps, mais réussit, à partir de la lecture des rares voyageurs contemporains ayant remonté la vallée du Nil – le Rouennais Paul Lucas, le Hollandais Corneille Le Brun (Cornelis De Bruijn), le Parisien Jean Thévenot –, à fournir au lecteur quelques clés sous forme de commentaires permettant de comprendre, selon les critères de son temps, les descriptions de quelques monuments dont les « inventeurs » sont parfois lesdits voyageurs. D’une part la Grande Pyramide, la première description de la « Pyramide rouge » de Snéfrou à Dahchour, le grand Sphinx ; d’autre part le propylône du temple d’Haroëris à Qous (compris comme le « tombeau de Cléopâtre »), le mammisi d’Harprê à Armant (« Temple d’Hermant »), le temple d’Hathor à Dendara (temple ou palais ? « Temple de Sérapis » ?). Analyses curieuses, mais hautement significatives de la culture des XVIIe-XVIIIe siècles dont les paradigmes se rapportent à l’architecture classique et au De Architectura de Vitruve.

uk This paper deals with a page of history of the pre-egyptological vision on Egyptian architecture through L'Antiquité expliquée en figures (1714-1724), elaborated by dom Bernard de Montfaucon (1655-1707). In his attempt to approach the cultural history of Antiquity, this antiquarian not only brings together one of the largest collections of Egyptian objects of his time, but also succeeds, from the reading of the rare contemporary travelers who sailed up the Nile valley – the Rouen native Paul Lucas, the Dutchman Corneille Le Brun (Cornelis De Bruijn), the Parisian Jean Thévenot –, in providing to the reader some keys in the form of commentaries allowing to understand, according to the criteria of his time, the descriptions of some monuments whose discoverers are sometimes the said travelers. On the one hand the Great Pyramid, the first description of the “Red Pyramid” of Snefru in Dahshur, the great Sphinx; on the other hand the propylon of the temple of Haroeris at Qus (understood as the “tomb of Cleopatra”), the mammisi of Harpre at Armant (“Temple of Hermant”, the temple of Hathor at Dendara (temple or palace? “Temple of Serapis”?). Curious analyses, but highly significant of the culture of the XVII-XVIIIth centuries whose paradigms are related to classical architecture and the De Architectura of Vitruvius.

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« Crocodiles sauvages / crocodiles apprivoisés dans l’Égypte de l’époque tardive. Croyances régionales et interdits »

ENiM 17, 2024, p. 1-44.

Sydney H. Aufrère, «  »
Sydney H. Aufrère

fr Cette enquête à nouveaux frais aborde, sous un éclairage anthropozoologique, le paradoxe relatif au comportement polarisé des Égyptiens vis-à-vis des crocodiles sauvages et des crocodiles apprivoisés. Ces différences d’attitudes ne reposent pas sur une opposition entre les deux espèces indistinctement réparties dans toute l’étendue de la basse vallée du Nil – Crocodylus niloticus LAURENTI, 1768 et Crocodylus suchus HEKKALA et al., 2011 –, même si une pression de la première espèce s’est exercée sur la seconde, laquelle représente l’essentiel des momies de crocodiles. Le portrait de la situation que dressent différents auteurs (Hérodote, Diodore de Sicile, Strabon, Élien, Philon d’Alexandrie), sans tenir compte des deux espèces attestées, est corroboré non seulement par l’étude de la documentation archéologique égyptienne, mais aussi par deux approches anthropologiques dans deux contrées différentes dont les habitants partagent des territoires avec Crocodylus niloticus LAURENTI, 1768. En Afrique de l’ouest, en particulier au Mali, chez les Dogons, qui opposent crocodiles inoffensifs ou sacrés et dangereux ou « ordinaires » avec des conséquences sur le quotidien des habitants ; à Madagascar, où les situations régionales, fortement contrastées, font apparaître un culte aux ancêtres, des aspects judiciaires (ordalies), des vengeances divines. La comparaison de la situation égyptienne avec celles de l’ouest africain et de Madagascar permet de mieux cerner les différences de comportements des riverains de la vallée du Nil selon que leurs crocodiles y sont honnis et massacrés (Tentyris = Dendara, Apollinopolis = Edfou, Éléphantine) ou sacrés et vénérés (Ma’abda = Samoun, Ombos = Kôm Ombo, Antaeoplis-Qaou el-Qébir, Chénosbokion, Coptos, Crocodilopolis-Soumenou = Gebelein, lac Moéris, Arsinoé-Crocodilopolis), mettant en relief des croyances et des interdits régionaux.

uk This fresh investigation takes an anthropozoological look at the paradox of Egyptians' polarized behavior towards wild and tame crocodiles. These differences in attitude are not based on an opposition between the two species indiscriminately distributed throughout the lower Nile valley—Crocodylus niloticus LAURENTI, 1768 and Crocodylus suchus HEKKALA et al., 2011–even though the former exerted pressure on the latter, which accounted for the bulk of crocodile mummies. The picture painted by various authors (Herodotus, Diodorus Siculus, Strabo, Elian, Philo of Alexandria), regardless of the two attested species, is corroborated not only by the study of Egyptian archaeological documentation, but also by two anthropological approaches in two different regions whose inhabitants share territories with Crocodylus niloticus LAURENTI, 1768. In West Africa, particularly in Mali, among the Dogons, who contrast harmless or sacred crocodiles with dangerous or “ordinary” crocodiles, with consequences for the daily lives of the inhabitants; in Madagascar, where regional situations are highly contrasted, revealing ancestor worship, judicial aspects (ordalies) and divine vengeance. A comparison of the Egyptian situation with those of West Africa and Madagascar provides a clearer picture of the differences in the behavior of people living along the Nile Valley, depending on whether their crocodiles are reviled and massacred (Tentyris = Dendara, Apollinopolis = Edfou, Elephantine) or sacred and venerated (Ma‘abda = Samun, Ombos = Kom Ombo, Antaeoplis-Qaou el-Qebir, Chenosbokion, Coptos, Crocodilopolis-Sumenu = Gebelein, Moeris lake, Arsinoe-Crocodilopolis), highlighting regional beliefs and bans.

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ENiM 15 - 2022

10 article(s) - 18 avril 2024.



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